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Le Cygne Manchot
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Le Cygne Manchot
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13 juillet 2006

Introduction

The Fabulous Fifties

Le temps que la guerre de Corée prenne fin en 1953, 50 000 américains sont revenus chez eux dans un cercueil. Avec la fin de la guerre vint la promesse du président Eisenhower d’un futur brillant pour les Etats-Unis. Ce fut le commencement d’un boom économique sans précédent. Pour la première fois depuis

la Grande Dépression

de 1929, l’Amérique n’était pas en crise.

Durant la fin de l’année 1953, la consommation de masse devint un phénomène social et l’argent fut mis à la banque. Les américains sont devenus des classes moyennes à la vitesse d’un million par an et les salaires ont augmenté de 4,5%.

Ce fut une époque de conformité quand les hommes, vêtus de complets en flanelle grise et de chemises blanches allaient à leur travail de fonctionnaires et quand les femmes restaient à la maison pour nourrir le foyer dans leurs petites maisons individuelles de quartier  aux couleurs pastel et découpaient les cookies en formes amusantes.

La vie était centrée autour de la stabilité du foyer et de la famille et 97% des hommes et des femmes « mariables » l’étaient déjà. C’était une société de couples et tous avaient des enfants…

Les Américains ont commencé leur liaison passionnelle avec la télévision dans la première partie de la décade et vers 1955, les ¾ d’entre eux en possédaient une et passaient 1/3 de leur journée à regarder I Love Lucy, The Honeymooners, Jack Benny, Queen for A Day, What's My Line, Ed Sullivan and American Bandstand.

Le consumérisme fleurissait alors que les pubs télé convainquaient les spectateurs de la nécessité de posséder toutes les dernières nouveautés.

Pour les citoyens noirs, au cœur de cette prospérité, la vie restait la même. Quand bien même

la Cour Suprême

avait pris la décision de condamner la ségrégation et de la déclarer discriminatoire, les esprits ne changèrent pas aussi vite.

Il y eut un changement radical dans la musique. Un son qui avait ses racines dans la musique noire et qui était dénommée « musique raciale » devenait très populaire auprès des adolescents. L’été 1951 vit la première du « Moondog Show », qui diffusait de la musique avec un « rythme », le Rock ‘n Roll…

L’automobile devint une icône américaine.

La Ford Thunderbird

, les Chevrolet Sedan et les Chrysler furent érigées au rang de symboles de la nouvelle société. Le pays commença à vivre sur les roues des GT qui ralliaient les drive-in, étendards du langage et de la culture. On construisit des autoroutes et les voyages en voiture fut élu passe-temps national.

La Guerre Froide

entre les deux superpuissances, l’Amérique et

la Russie

, fit planer une ombre de peur sur les années frivoles. On créa les bombes atomiques et hydrogènes. Les militaires firent 200 tests nucléaires entre 1954 et 1958. Les américains se retrouvèrent à scruter le ciel et apprirent à se protéger sous terre.

Mais ces souterrains d’américains insouciants étaient bien loin des autres souterrains existants pour ceux qui profitaient aussi de cette manne des fifties mais qui étaient loin d’être conformes et honorables. Les nantis n’avaient aucune idée que certains autres puissent avoir affaire à ces clans qui florissaient depuis les années 30, italiens pour la plupart.

La Mafia.

Avec les mafieux se rangèrent les escrocs en tous genres et les citoyens américains moins scrupuleux que leurs congénères qui regardaient la télé en famille autour du chef de maison heureux et fier.

Les marginaux ont eu leur heure de gloire dans ces années-là. Mais entre les citoyens modèles et les criminels, il n’y avait plus de place pour ceux qui étaient tiraillés entre le respect des valeurs et les changements sociétaux. Privés de leurs repères ou pas, ces personnes-là, acoquinées avec des petites frappes sans pour autant tuer ou en donner l’ordre, avec des gangsters sans pour autant voler ou frapper se retrouvèrent finalement dans l’anonymat de ruelles sombres et glauques à vivre ou exercer des professions non moins dérangeantes pour la vertueuse Amérique.

Donc voilà comme se déroule une journée chez les saints américains. James se lève, Betty est déjà dans la cuisine en train de préparer son petit-déjeuner à son époux qui va travailler pour nourrir la petite famille. Quand il arrive, il éblouit par son sourire blancheur, caresse affectueusement la tête de son petit garçon si… américain avec son gant de base-ball sur ses genoux et adresse un regard de pure admiration à sa fille qu’il trouve si jolie. En mangeant, il lit son journal et égrène ces minutes de quelques commentaires sur la vie, la politique, les sports et promet à James Junior qu’en rentrant du travail, il fera des passes dans le jardin avec lui. Ce qu’il fera. Il promet à Betty de ne pas rentrer tard. Ce qu’il fera. Elle sera là l’attendre, dans sa jolie robe aux couleurs pastel, sa mise en pli impeccable faite chez le coiffeur quelques heures plus tôt avec son amie Mona, charmante maîtresse de maison aussi. Et ainsi de suite. Le dimanche, ils iront avec leur Chevrolet dont ils sont si fiers à l’église à trois pâtés de maison de leur domicile, donneront à la quête et inviteront le pasteur à déjeuner chez eux avec d’autres amis.

Et cette semaine achevée, une autre se commencera et se finira de la même manière.

Cette vie était considérée comme un modèle. Aisance matérielle sans ostentation, sourires et rires, robot mixer, personne, encore moins les femmes, ne songeait que cette manière de vivre ne leur convenait pas.

Chacun était brimé à sa manière ces années-là. Les années brillantes étaient aussi paradoxalement les plus sombres de la déchéance humaine.

Les femmes étaient trompées par leur raison, leurs gosses accros aux musiques du diable punis pour avoir parlé à un type de mauvais genre, les noirs par les blancs, les divorcées par les mœurs, les gangsters par une police déshonorée et désireuse de regagner leur respectabilité perdue, même quand il s’agissait du meurtre d’un noir anonyme…

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